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17 octobre, 2023
Une bénévole en santé communautaire fait du porte-à-porte pour soutenir la nutrition des adolescentes
Pendant la pandémie, une mère et bénévole en santé communautaire du Kenya s’est faite la porte-parole de l’éducation nutritionnelle. Elle ne voulait pas que ses filles, et les autres filles de la communauté, prennent du retard.
Publié le 05 mars 2021
La pandémie de COVID-19 a perturbé le quotidien, menacé les moyens de subsistance et a eu des répercussions disproportionnées sur les femmes et les filles, ce qui pourrait anéantir des décennies de travail en matière d’égalité des sexes. Maureen Wangari, une fermière du comté de Nakuru au Kenya, a pris les choses en main pour transformer ces obstacles en occasions.
Wangari est bénévole en santé communautaire (BSC) à Jewathu au Kenya où elle vit avec sa famille. En septembre 2020, Wangari a pris part à une séance de formation sur la nutrition des adolescentes et la prévention de l’anémie dans le contexte de la COVID-19. Le gouvernement du comté de Nakuru a donné cette formation conçue par Nutrition International à 292 BSC, dont Wangari.
« Cette formation m’a permis d’avoir beaucoup d’interactions dans la communauté et j’ai observé beaucoup de changements », a précisé Wangari.
Nutrition International et des responsables du comté ont conçu cette formation pour les BSC afin de s’attaquer à un problème important. Lorsque la pandémie a forcé la fermeture des écoles, elle a aussi eu pour effet de rompre l’accès aux suppléments de fer et d’acide folique distribués chaque semaine dans les écoles. Les suppléments constituent une intervention éprouvée et efficace pour prévenir l’anémie. Au Kenya, la prévalence de l’anémie est de 16 % chez les adolescentes âgées de 10 à 14 ans et de 14 % chez celles âgées de 15 à 19 ans. La prévalence de l’anémie chez les femmes enceintes s’élève à 42 % et le taux des grossesses d’adolescentes est de 18 %. En 2016, Nutrition International a lancé un programme d’éducation nutritionnelle et de supplémentation pour prévenir l’anémie. Ce programme cible les filles âgées de 10 à 19 ans et leur fournit des connaissances qui leur serviront toute leur vie. L’arrivée de la pandémie et l’arrêt de l’apprentissage en classe ont forcé l’équipe à explorer des méthodes de rechange pour aider les filles pendant cette importante phase de développement.
Au début, les réactions à ses visites ne faisaient pas l’unanimité. Wangari a compris que dans plusieurs ménages, les parents ne connaissaient pas les avantages des suppléments. Des rumeurs circulaient : certains disaient qu’il s’agissait d’un comprimé pour la planification des naissances ou encore qu’il empêcherait leurs filles de devenir enceintes plus tard. Aux prises avec cette mauvaise information, Wangari a expliqué le but des suppléments – la manière dont ils augmentent la production de cellules rouges dans le sang, ce qui contribue à une bonne santé en général. Elle a aussi abordé la fatigue et le manque de concentration des filles, et que la prise du supplément les aiderait à prévenir l’anémie.
Wangari comprenait l’hésitation des parents. Avant la formation de Nutrition International, elle a déclaré qu’elle aussi avait des doutes sur le programme à l’école de ses filles. Une de ses filles avait pris l’habitude de cacher le comprimé, car elle savait que sa mère lui dirait de ne pas le prendre. Grâce à ses nouvelles connaissances, la position de Wangari a changé. Depuis qu’elle partage ces connaissances avec ses voisins, Wangari a également réussi à changer la perception dans la communauté.
« Nos enfants ont amélioré leur rendement scolaire grâce aux suppléments et à une bonne nutrition », explique Wangari. « Leurs notes à l’école sont aussi meilleures. Mes filles sont plus énergiques, heureuses, en bonne santé et elles s’absentent rarement de l’école. »
Maryanne a pour sa part vu la différence avec la fermeture de son école, et avant que le centre de santé local ait un approvisionnement de suppléments. « Je ne me sentais pas aussi forte qu’avant. Lorsque j’ai recommencé à prendre les suppléments, je suis devenue plus forte à nouveau. Ces suppléments nous aident à avoir une bonne concentration et plus d’énergie. » Maryanne a aussi souligné qu’elle mange plus de légumes verts maintenant que sa mère agit comme porte-parole en nutrition. « Elle nous sert de modèle, pour nous et pour la communauté. »
Wangari saisit bien l’importance du programme, étant la mère de filles. « Ce programme contribue à l’égalité entre les filles et les garçons, » dit-elle. « De nos jours, les filles vont à l’école parce qu’elles se sentent fortes et peuvent mettre l’effort dans leurs études. J’ai certainement constaté des changements, notamment l’amélioration de leurs résultats scolaires. Les filles qui reçoivent une éducation ont de meilleures chances d’obtenir des emplois bien rémunérés. Elles deviendront des médecins, des ingénieurs ou les pilotes d’avion. Alors nous devons arrêter de dire que les filles ne sont pas assez bonnes : elles peuvent accéder à ces professions tout autant que les garçons. »
Lorsque son école a mis en œuvre le programme de nutrition pour les adolescentes en 2018, Agnes Mauko, une enseignante à l’école secondaire Ndege à Njoro dans le comté de Nakuru, a constaté une diminution du taux d’absentéisme chez les filles. Et lorsque la pandémie a forcé la fermeture des écoles, Agnes a tout de suite pensé aux répercussions négatives sur ses étudiantes. « Au début, nous étions très inquiètes. Nous ne savions pas si le programme pouvait continuer, » nous a-t-elle confié. Mais les parents nous ont téléphoné et ont insisté pour que la distribution de suppléments se poursuive malgré la fermeture des écoles. L’école a collaboré étroitement avec les agents de santé et les BSC du comté et des sous-comtés pour continuer la distribution des suppléments aux étudiantes qui vivaient à proximité, atteignant ainsi plus de 90% des filles.
En janvier 2021, la réouverture des écoles a permis le retour de l’apprentissage en classe au Kenya et le programme de nutrition des adolescents en fait toujours partie. Même si les filles de Wangari sont de retour en classe, elle poursuit son travail de porte-parole. Elle rend visite aux adolescentes dans sa communauté pour s’informer comment elles vont, vérifier si elles prennent leurs suppléments régulièrement, et elle partage ses connaissances en nutrition. Si la distribution des comprimés à l’école redevenait un problème, le programme peut facilement être remis en œuvre dans la communauté. Elle est prête.