En signant la Déclaration de Seqota, en 2015, le Gouvernement de l’Éthiopie a pris un engagement. 

Il ne s’agissait pas seulement de la déclaration elle-même et de son engagement de haut niveau à mettre fin au retard de croissance chez les enfants de moins de deux ans d’ici 2030. C’était aussi le lieu : Seqota, une ville et un woreda (district) du nord de l’Éthiopie qui avait été fortement touchée par la famine au début des années 1980. 

« Le gouvernement a pris cet engagement à Seqota, en partie pour indiquer que cela ne devait plus se reproduire », déclare le Dr Sisay Sinamo, consultant de Nutrition International et responsable principal de programme au sein de l’unité de mise en œuvre du programme fédérale de la Déclaration de Segota au sein du ministère éthiopien de la Santé. « Elle a été appelée Déclaration de Seqota pour que les gens s’en souviennent. » 

Le Dr Sisay participe à  déclaration depuis 2017, date à laquelle Nutrition International s’est engagé à la soutenir par une assistance technique. En tant que consultant à long terme et intégré au gouvernement fédéral, avec le soutien technique et financier de Nutrition International, le Dr Sisay a fourni une assistance essentielle pour aider à la mise en œuvre et à l’extension de la déclaration. 

L’ambitieuse mission de la Déclaration de Seqota, qui vise à mettre fin au retard de croissance des enfants de moins de deux ans en Éthiopie d’ici 2030, rassemble différents secteurs, communautés et partenaires de développement pour se concentrer sur des interventions nutritionnelles à fort impact, en mettant l’accent sur le genre, l’environnement et le développement communautaire. Elle se déroule en trois phases : la phase d’innovation (2016-2020), qui met l’accent sur l’apprentissage par la pratique, la phase d’expansion (2021-2025), qui étend les interventions de la phase d’innovation pour atteindre les communautés les plus vulnérables, et la phase d’intensification (2026-2030), qui couvrira l’ensemble du pays. 

La mise en œuvre de la Déclaration s’est toutefois heurtée à un certain nombre de difficultés. Au début, la déclaration elle-même était source d’incertitude en Éthiopie. « La déclaration était considérée comme un projet et non comme un engagement national », explique le Dr Sisay. « Nous avons mené de nombreuses actions de sensibilisation et d’éducation du public pour montrer qu’il s’agit d’une initiative dirigée par le gouvernement et qui lui appartient, et qu’il s’agit également d’un engagement du gouvernement. Ce n’est pas un projet, c’est un engagement sur 15 ans pour mettre fin aux retards de croissance. » 

Cela impliquait également de créer un plan de mise en œuvre et de mobiliser des ressources. « Lorsque j’ai rejoint l’organisation, nous avions la feuille de route sur 15 ans, mais il n’y avait pas de plan pour la mettre en pratique », explique le Dr Sisay. « En collaboration avec nos partenaires, nous avons dû élaborer un dossier d’investissement chiffré et un plan de mise en œuvre pour la phase d’innovation de la déclaration. Ce plan a vraiment clairement défini ce que nous voulions faire, ce que nous voulions réaliser et les ressources nécessaires. » Il considère qu’il s’agit là de « la plus grande réussite de l’assistance technique de Nutrition International. Nous utilisons toujours cet outil pour la communication sur la mobilisation des ressources. » 

Une fois le plan établi, la phase d’innovation a pu jeter les bases essentielles des prochaines étapes de la Déclaration. En particulier, une enquête de référence sur la phase d’innovation (mise en œuvre conjointement par le gouvernement éthiopien, l’université Johns Hopkins et Nutrition International) a fourni des informations importantes pour guider la prise de décision et corriger le cap pendant la mise en œuvre. Le soutien de Nutrition International a également aidé le gouvernement à suivre les ressources et les actions en matière de nutrition, à accroître l’engagement des dirigeants et à mobiliser des investissements supplémentaires. « Il y a eu beaucoup d’engagement et de mobilisation des ressources grâce à l’engagement des hauts responsables du gouvernement et des partenaires de développement », se souvient le Dr Sisay. 

Alors que la phase d’innovation s’est concentrée sur la mise en place d’interventions innovantes dans 40 woredas des régions d’Amhara et de Tigré, la phase d’expansion s’appuie sur les succès et les leçons tirées de cette phase pour étendre les interventions à un total de 240 woredas dans les 11 régions et les deux zones d’administration urbaine d’Éthiopie. 

Bisrat Haile, conseiller en mise en œuvre de Nutrition International au sein du Bureau de coordination de la nutrition du ministère éthiopien de la Santé, a fourni une assistance technique au gouvernement pour la phase d’expansion. Comme le Dr Sisay, Bisrat est un consultant à long terme intégré et, depuis 2022, il aide les régions à élaborer et à mettre en œuvre des plans chiffrés au niveau des woredas. « Ces plans sont des outils puissants », dit-il. « Ils informent les dirigeants depuis le niveau des woredas jusqu’au niveau fédéral. » Cela inclut le suivi des ressources, l’analyse des écarts budgétaires et la mobilisation des ressources. 

Le soutien de Bisrat augmente la capacité des woredas à mettre en œuvre les plans. « J’aide à renforcer leur capacité à améliorer la mise en œuvre », explique Bisrat, « et à assurer le suivi de leur rendement et la rétroaction. Cela contribue à améliorer continuellement les résultats et à soutenir la coordination aux différents niveaux. » 

En collaboration avec ses collègues du bureau régional Afrique, Bisrat contribue également à dispenser des formations sur l’égalité des sexes au personnel gouvernemental de différents ministères. Ces ateliers nationaux sont conçus pour garantir l’intégration de la dimension de genre dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation de la Déclaration de Seqota et de la stratégie alimentaire et nutritionnelle du gouvernement éthiopien. Ils ont été bien accueillis et des séances de formation supplémentaires seront organisées au niveau régional. 

Alors que la déclaration entre dans la phase d’extension, sa troisième et dernière phase, les plans chiffrés par woreda restent aussi cruciaux qu’auparavant. Cependant, il y a maintenant encore plus de régions qui en ont besoin – 700 woredas d’ici la fin de la phase d’expansion, pour atteindre plus de 1 000 dans la phase d’intensification en 2026 – ce qui rend le soutien de Nutrition International plus important que jamais. « Certaines régions ont une faible capacité à soumettre des plans chiffrés par woreda », explique Bisrat. « Les régions ont besoin d’un soutien régulier pour remplir cette planification basée sur les coûts en temps voulu. » 

Les ressources restent également un défi crucial. « L’ajout de woredas supplémentaires implique une mobilisation de ressources et un engagement régional supplémentaires », déclare le Dr Sisay. « Cela signifie un engagement accru des donateurs et du gouvernement, ainsi qu’un renforcement des capacités des woredas pour leur permettre de mettre en œuvre la déclaration. » 

« Nous devons obtenir des financements supplémentaires de différentes sources », ajoute Bisrat. « Le financement est le principal obstacle. » 

Malgré ces défis, le Dr Sisay et M. Bisrat restent optimistes et motivés. « Les contributions que nous apportons avec la Déclaration de Seqota me motivent vraiment », déclare le Dr Sisay. « Je suis à la recherche de changements au niveau communautaire. En fin de compte, quelles que soient les décisions, les conceptions ou les plans que nous prenons, ils finissent par atteindre les ménages. Je le vois lorsque je fais des visites sur le terrain. » 

Bisrat est d’accord. « Je travaille dans le domaine de la santé parce que c’est naturel pour moi. Je travaille en Éthiopie depuis de nombreuses années, et lorsque je vois des individus ou des familles obtenir de l’aide et améliorer leur état de santé, c’est une très grande récompense. J’adore ce travail. » 

L’engagement de l’Éthiopie à réduire le retard de croissance et à améliorer la nutrition globale porte ses fruits. En 2020, le pays a été reconnu comme un modèle en matière de santé mondiale pour avoir réussi à réduire le retard de croissance de 67 % en 1992 à 37 % en 2019. Les recommandations issues de ce processus ont conduit Nutrition International à intensifier son soutien à l’Éthiopie, et nous restons déterminés à continuer de soutenir la Déclaration de Seqota et les efforts de l’Éthiopie pour éliminer le retard de croissance et la malnutrition chez les enfants de moins de deux ans d’ici 2030. 

Nutrition International a fourni une assistance technique dans 20 pays, en soutenant les gouvernements nationaux et infranationaux, les organismes régionaux et une institution mondiale. Pour en savoir davantage sur notre travail. 

Share