Nouvelles du terrain
Une bénévole en santé communautaire fait du porte-à-porte pour soutenir la nutrition des adolescentes
04 mars, 2021
Il faut prévenir l’anémie pour combler l’écart entre les sexes. Confrontées à la pandémie et à la fermeture des écoles, ces enseignantes ont fait preuve de créativité.
La fermeture des écoles en raison de la COVID 19 a touché plus que l'apprentissage en personne. Dans le monde entier, les adolescentes ont dû se passer des comprimés de fer et d'acide folique qui aident à prévenir l'anémie. En Indonésie, les enseignantes ont décidé de trouver une solution.
Publié le 08 mars 2021
Vous avez entendu parler du test de dépistage de la COVID-19 à l’automobile. Alors, pourquoi ne pas adapter ce concept à la distribution des micronutriments essentiels pour les adolescentes ?
Lorsque la pandémie a entraîné la fermeture des écoles dans le monde entier, elle a mis fin à plus que l’apprentissage en personne. L’une des principales interventions de Nutrition International consiste à prévenir l’anémie chez les adolescentes grâce à des programmes de . Les écoles constituent le moyen idéal pour atteindre cette population cible. Le programme scolaire intègre l’éducation nutritionnelle et on peut faire le suivi de la distribution des comprimés de la même manière que la fréquentation scolaire. Mais en mars 2020, la fermeture des écoles a forcé l’arrêt du système mis en place pour fournir ces micronutriments essentiels aux filles.
En Indonésie, des enseignantes de différentes régions du pays ont pris l’initiative de trouver des solutions créatives pour continuer à fournir des suppléments de fer et d’acide folique (FAF) à leurs élèves malgré la fermeture des écoles.
Les solutions « à la moto »
Dwi Purwati, professeure de langue dans un collège de Lumajang, dans l’est de Java et responsable de la gestion du programme de prévention de l’anémie dans son école, a participé à une formation sur la prévention de l’anémie de Nutrition International en 2018. Avant de recevoir cette formation, Purwati a déclaré que la prise des comprimés était faible dans son école, car on les distribuait sans éducation nutritionnelle. Elle trouvait souvent des comprimés dans la poubelle, jetés par des élèves qui ne comprenaient pas leur utilité.
La formation a amélioré sa connaissance de l’anémie et du lien entre la nutrition, les micronutriments et la prévention de l’anémie. En y participant, Purwati a reçu des affiches, des brochures, des vidéos et des cartes de suivi qu’elle pouvait utiliser pour sensibiliser ses élèves et transmettre ses connaissances. Elle a créé un club étudiant axé sur la prévention de l’anémie et la bonne nutrition. Elle a également intégré des travaux sur l’anémie dans ses cours de langue, où les élèves ont écrit des poèmes, réalisé des affiches et rédigé des articles décrivant les conséquences de l’anémie et comment la prévenir. Ses élèves ont même réalisé une courte vidéo sur l’anémie en 2019, qu’ils ont mise sur la chaîne YouTube de l’école.
Purwati qualifie la formation de 2018 de tournant décisif : « Autrefois, nous distribuions des comprimés de FAF sans éducation nutritionnelle pour les élèves. Avec la formation, nous avons acquis un niveau de confiance pour expliquer l’importance des suppléments de FAF et les dangers de l’anémie. Nous avions les connaissances nécessaires. »
Cette connaissance l’a motivée lorsque la pandémie a frappé.
Elle a persuadé le directeur de son école de fournir aux élèves un approvisionnement mensuel en tablettes lorsqu’ils viennent apporter leurs devoirs. Bien que les élèves étudient à la maison, ils doivent tout de même passer à l’école pour rendre leurs travaux. Comme beaucoup d’élèves venaient en moto, elle a pensé mettre en place un service « à la moto » pour limiter les contacts physiques et respecter les mesures sanitaires en temps de pandémie.
Le service à la moto a commencé à prendre de l’ampleur. Sous sa direction, les étudiantes du club de prévention de l’anémie ont participé à la distribution. Comme elles ne pouvaient plus prendre le supplément en personne en même temps, elles ont transféré ce suivi sur WhatsApp, où elles peuvent se voir prendre le comprimé virtuellement, et où les étudiantes peuvent faire le point entre elles. Bien que la situation actuelle ne soit pas idéale, Purwati est déterminée à la faire fonctionner. Les efforts qu’elle a déployés avant la pandémie pour susciter l’adhésion et sensibiliser les élèves portent leurs fruits.
Les étudiants ambassadeurs de la santé se mobilisent
En Indonésie, plus d’un tiers des adolescentes souffrent d’anémie. Nutrition International a soutenu plus de 9 000 écoles dans quatre provinces du pays. À Garut, dans l’ouest de Java, Ai Maryati, professeur de sciences sociales, a participé à une formation animée par Nutrition International en janvier 2020, moins de deux mois avant la fermeture obligatoire des écoles. À ce moment, elle n’avait aucune idée de l’utilité de cette formation.
Son école a commencé à administrer des suppléments de fer et d’acide folique en 2018. Grâce au programme, l’école a documenté une baisse de 28 % des cas d’anémie en 2018 et une baisse de 9 % en 2019. Après avoir suivi la formation en 2020, Maryati a voulu approfondir les connaissances de ses élèves en matière de nutrition. Comme elle comprenait l’influence des conseillers pairs, elle a créé un club « d’ambassadrices de la santé » pour que ses élèves prennent en main leur propre santé et leur bien-être, et soutiennent leurs familles et leurs communautés.
À la fermeture des écoles, elle savait que ses étudiantes qui étaient autrefois anémiques risquaient de le redevenir. Elle a donc consulté une nutritionniste du centre de santé local et, ensemble, elles ont élaboré un plan pour distribuer les suppléments de fer et d’acide folique. Pour y arriver, elles ont fait appel aux étudiantes du club d’ambassadrices de la santé et elles ont créé des clubs de jeunes affiliés aux puskesmas locaux (centres de santé gouvernementaux). Maryati a créé ce premier club près de chez elle. À mesure que la nouvelle des clubs de jeunes se propageait, d’autres se formaient. À la fin de l’année 2020, on pouvait compter 15 clubs de jeunes qui participaient à des initiatives de santé communautaire axées sur la sensibilisation et la distribution de suppléments de fer et d’acide folique. Les élèves ont ainsi eu la possibilité d’obtenir les micronutriments dont elles avaient besoin pour faire baisser les taux d’anémie alors que les écoles restaient fermées.
« Je n’arrive pas à croire que ce que je fais puisse inspirer les gens, » a déclaré Maryati, en réfléchissant à l’évolution du programme. « Je suis tellement fière que toutes mes étudiantes deviennent des Duta Gebetan [ambassadrices de la santé des adolescentes]. Elles distribuent et veillent à ce que les adolescentes prennent régulièrement des comprimés de fer et d’acide folique pendant la pandémie. »
En janvier 2021, un an après sa formation avec Nutrition International, Maryati a pris la parole lors d’un événement virtuel célébrant la Journée nationale de la nutrition qui comptait près de 500 participants. Elle a expliqué comment la distribution de suppléments de fer et d’acide folique a pu se poursuivre malgré la COVID-19 grâce aux clubs de jeunes. Elle a déclaré qu’elle espérait et priait pour que l’anémie disparaisse chez toutes les filles du district de Garut, maintenant et pour longtemps.
Ce ne sont là que deux exemples d’enseignantes qui ont pris des mesures extraordinaires pour préserver l’état nutritionnel de leurs étudiantes. Alors que la COVID-19 aggrave les inégalités entre les sexes dans le monde entier, ce sont les actions quotidiennes de leaders comme Purwati et Maryati qui protègent les adolescentes contre l’anémie – et qui font le lien entre nutrition, éducation et égalité.