Nouvelles du terrain
À visionner : Pour ces femmes inspirantes, une bonne nutrition est la clé
28 mars, 2025
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Quelle est réellement l’opinion du grand public sur le genre? Perspectives de terrain
La spécialiste principale de l'égalité des genres chez Nutrition International revient sur les conversations franches qu'elle a eues dans différents pays sur les barrières liées au genre et à la nutrition.
Publié le 26 mars 2025
Depuis la levée des restrictions de voyage liées à la COVID, j’ai pu visiter plusieurs de nos bureaux nationaux et animer des ateliers de formation en présentiel sur l’égalité des sexes. J’ai participé à de nombreuses discussions constructives sur la promotion de l’égalité des sexes au sein des programmes de nutrition. Après plus de deux ans de confinement lié à la COVID, il n’a jamais été aussi important d’échanger en personne avec le public sur des sujets parfois complexes et difficiles à aborder lors de webinaires en ligne sur plusieurs fuseaux horaires.
Lors des formations sur l’égalité des genres ou lors de conversations informelles, j’ai constaté que les réactions peuvent provoquer des réactions très ardentes : on balance généralement entre l’enthousiasme et l’envie d’en savoir plus et d’acquérir des compétences à la nervosité ou l’incertitude. Cela est souvent dû à un manque de compréhension, associé à des messages contradictoires diffusés par les médias. À bien des égards, mon rôle de spécialiste des questions de genre consiste à écouter attentivement les participants, puis à poser des questions, à présenter des scénarios et à encourager le dialogue. Je souhaite contribuer à démystifier ce que signifie promouvoir l’égalité et l’autonomisation dans le cadre de nos programmes de nutrition.
Souvent, les gens veulent connaître notre « position » sur les questions de genre. J’essaie de reformuler cette question, car je ne pense pas que ce soit la plus pertinente. Faire du genre une question sur laquelle il faut prendre position rend plus difficile de s’attaquer aux vrais problèmes. On se concentre alors sur un idéal abstrait, au lieu de la réalité qui nous saute aux yeux. En inde, ce sont les filles qui, lorsqu’elles ont leurs règles, se sentent plus en confiance pour aller à l’école et leurs camarades masculins ne les taquinent plus. Je pense aux pères que j’ai rencontré en Tanzanie et qui ont ri lors d’un groupe de discussion lorsqu’on leur a demandé s’ils consacraient aussi du temps à leurs bébés ou si c’était seulement la mère. Ils ont volontiers évoqué l’évolution des temps depuis leur enfance – un rappel important que les normes et les rôles de genre ne sont pas statiques.
Nous travaillons au sein de nombreuses cultures, et il est vrai que nous devons être conscients que toutes les valeurs que nous considérons comme normales peuvent ne pas l’être ailleurs. C’est pourquoi il est important de collaborer avec les organisations locales de défense des droits des femmes, car elles défendent déjà l’égalité des sexes dans leur propre contexte culturel. J’ai pu remarquer que partout dans le monde il était clair que l’égalité des sexes est une préoccupation pour toutes les cultures.
De retour à Delhi après une visite de terrain dans une autre région de l’Inde, j’ai remarqué que la compagnie aérienne nationale promouvait l’autonomisation des filles avec le slogan « 30 000 pieds au-dessus du patriarcat ». En Indonésie, lors d’un forum d’apprentissage avec des partenaires gouvernementaux, de nombreuses personnes ont discuté de la manière dont elles pourraient rendre leurs programmes de nutrition plus sensibles au genre. J’ai également constaté qu’il suffit de demander à des collègues masculins quel avenir ils souhaitent pour leurs filles pour comprendre que ce désir d’égalité est naissant en chacun de nous; mais cela exige de s’investir personnellement et de se rendre vulnérable. En fin de compte, il s’agit de traiter toutes les personnes avec une dignité et un respect inhérents, tant au niveau individuel qu’au niveau des systèmes, et de reconnaître que pour certains, ce n’est pas toujours évident de le faire.
« En fin de compte, il s’agit de traiter toutes les personnes avec une dignité et un respect inhérents, tant au niveau individuel qu’au niveau des systèmes, et de reconnaître que pour certains, cela n’est pas toujours évident de le faire.
L’une des initiatives passionnantes sur lesquelles j’ai récemment travaillé est un processus de renouvellement et de mise à jour de notre stratégie d’égalité des sexes, qui sera publiée plus tard cette année. Cela a nécessité de nombreux mois de consultation, au cours desquels j’ai participé à des groupes de discussion et écouté nos équipes partager leurs expériences d’apprentissage et de travail sur l’intégration du genre dans nos programmes. Certains de leurs commentaires me sont restés en mémoire. Par exemple, un collègue en Éthiopie a déclaré : « Si nous n’abordons pas la question fondamentale du genre, [comme] le pouvoir de décision et l’accès aux ressources et au pouvoir au sein des ménages, nous ne progresserons peut-être pas beaucoup vers l’amélioration de la nutrition. » Cela montre, à mes yeux, qu’il ne considère pas le genre comme un simple ajout ou une simple case à cocher, mais comme un facteur intrinsèquement lié à notre travail.
Un autre collègue indien a déclaré : « Il s’agit de ce que les gens pensent réellement, de leurs attitudes et croyances en matière d’égalité, ainsi que des dynamiques familiales qui compliquent l’accès des femmes à une bonne nutrition. » Pour moi, c’est essentiel, et cela soulève la question suivante : qu’est-ce qui influence les mentalités? Et qu’est-ce qui les empêche de voir comment leurs convictions en matière d’égalité des sexes affectent le bien-être des femmes et des adolescentes?
Nous sommes tous le fruit de notre éducation et nous vivons tous avec des préjugés inconscients, qui constituent la façon naturelle dont notre cerveau aborde et organise la complexité des informations qui nous bombardent quotidiennement. Cependant, ces préjugés peuvent être des obstacles; il est donc important d’être conscient de nos préjugés et de nos croyances sous-jacents. Notre formation sur les préjugés inconscients a intégré des espaces permettant au personnel de réfléchir ensemble à leurs propres expériences de genre, ce qui permet de comprendre comment les normes et les rôles de genre influencent nos programmes.
En repensant au thème de la Journée internationale des femmes, et à celui d’Inspirer l’inclusion de cette année, il m’a semblé plus pertinent que jamais. Ce qui précède ne présente que quelques exemples de la manière dont Nutrition International soutient cette cause dans ses programmes; il reste encore beaucoup à faire. Une partie de ce travail consiste à poursuivre ces discussions et à engager un dialogue ouvert. C’est essentiel si nous voulons établir des partenariats efficaces et soutenir les efforts visant à réduire les obstacles pour toutes les femmes.