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D’Addis à Delhi, le partage intercontinental des connaissances accélère les progrès en matière de nutrition des adolescents
23 juillet, 2021
Transformer le récit : un changement d’optique concernant les premières règles
Voyez comment Nutrition International travaille avec les gouvernements des comtés du Kenya pour donner aux adolescentes les moyens de prendre soin de leur santé menstruelle grâce à des conseils en matière de nutrition et d'éducation.
Publié le 08 septembre 2023
Rahab Wanjiru, enseignante au primaire, se souvient de la première fois où elle a eu ses règles. « Je me souviens du premier jour. J’ai vraiment pleuré – je ne savais pas ce qui m’arrivait », dit-elle. « Ce fut le cas pour toutes les filles de mon quartier. Nous avons été prises au dépourvu. »
À l’époque, la tante et la grand-mère de Wanjiru l’ont rassurée. Aujourd’hui âgée d’une trentaine d’années, Wanjiru transmet ses connaissances à ses élèves pour qu’elles ne vivent pas la même expérience.
Maxmillan, une de ses élèves de huitième année, illustre la différence du travail de Wanjiru. « J’étais préparée aux changements de l’adolescence, notamment aux menstruations », partage la jeune fille de quinze ans. Elle raconte que les enseignantes lui ont appris la gestion de l’hygiène menstruelle et les changements corporels auxquels elle doit s’attendre. Elle savait que son premier cycle menstruel pouvait survenir de manière inattendue, et elle était prête avec ce dont elle avait besoin le moment venu.
Ce travail fait partie d’un programme coordonné pour les adolescentes. Il fournit des services complets de santé et de nutrition dans les comtés de Nakuru, Busia, Nandi, Makueni et Vihiga au Kenya.
En 2016, Nutrition International s’associe aux gouvernements des comtés pour lancer un programme de santé et de nutrition pour les adolescentes afin de prévenir l’anémie grâce à une supplémentation hebdomadaire en fer et en acide folique (FAF) et à donner aux adolescentes les moyens de défendre leur propre nutrition. Ce programme intègre les thèmes de la nutrition et de la santé dans le programme scolaire annuel, y compris la gestion de la santé menstruelle. L’approche éducative par rapport aux menstruations aide à briser les tabous perpétués au fil des générations.
La santé menstruelle est un élément essentiel de l’engagement de Nutrition International dans le but d’améliorer la nutrition et la santé des adolescentes. Pendant les menstruations, le corps d’une fille a besoin d’un soutien nutritionnel accru. Si elles ne peuvent satisfaire à ces besoins nutritionnels, les adolescentes risquent de développer des problèmes de santé sous-jacents comme l’anémie. Les adolescentes anémiques peuvent souffrir de fatigue et d’un manque d’énergie, ce qui les empêche de se concentrer et d’obtenir de bons résultats à l’école.
« L’adolescence est une phase de la vie où les filles connaissent une croissance accélérée. »
– Christine Nyaga, chargée de projet principale pour la santé et la nutrition des adolescentes
« L’adolescence est une phase de la vie où les filles connaissent une croissance accélérée », affirme Christine Nyaga, chargée de projet principale pour la santé et la nutrition des adolescentes de Nutrition International au Kenya. Nyaga explique l’importance de reconnaître la relation entre les menstruations et la nutrition. « Les adolescentes ont des besoins nutritionnels plus importants en micronutriments et en macronutriments à ce stade de leur vie. Elles ont des besoins nutritionnels plus élevés en fer et en acide folique en raison de la perte de sang pendant les menstruations. »
La stigmatisation sociale peut également avoir de graves conséquences. Selon une enquête 2019-2020 sur la santé des adolescents au Kenya, une adolescente sur cinq ne va pas à l’école lorsqu’elle a ses règles. De plus, une fille sur trois se sent mal à l’aise avec les changements de son corps, et une fille sur cinq a honte de son corps pendant les menstruations. Comprendre la manière dont les communautés stigmatisent la menstruation aide Nutrition International à identifier les points d’accès pour améliorer la santé des adolescentes en général.
Depuis 2011, une initiative du ministère de l’Éducation fournit des produits d’hygiène menstruelle aux filles des écoles publiques. Il s’agit d’une mesure essentielle, car certaines élèves ont déclaré que leur famille n’aurait pas les moyens d’acheter des produits d’hygiène menstruelle autrement. La distribution de ces produits accompagne l’amélioration de l’accès aux informations sur la santé et la nutrition que les filles reçoivent de leurs enseignantes. Les adolescentes se préparent ainsi à bien gérer leurs menstruations et les besoins changeants de leur corps.
Les enseignants et les enseignantes reçoivent des outils de travail, tels que des affiches et des fiches d’information, qu’ils peuvent consulter et placer dans les salles de classe. En plus des modules en classe, le programme encourage les écoles à faire appel à des groupes de soutien entre pairs et forme les enseignantes à jouer le rôle de conseillères lorsque les élèves ont des questions ou des préoccupations sur la menstruation en dehors des cours.
« Avant le programme, nous n’utilisions [que] les livres du programme scolaire », indique Wanjiru. « Aujourd’hui, nous avons beaucoup de jeunes enseignantes qui organisent des sessions pour guider les filles sur la manière de vivre avec les menstruations et sur les aliments qu’elles doivent manger. Nous leur enseignons qu’elles doivent accepter les changements physiques qui se produisent en elles. Si une étudiante a besoin de rentrer chez elle pour régler un problème ou un symptôme lié à ses menstruations, l’école lui donne la possibilité de le faire. »
Un élément essentiel pour briser le tabou est également d’éduquer les garçons sur la gestion de la santé menstruelle. Nyaga ajoute qu’il est tout aussi important d’encourager les garçons à participer aux groupes de soutien entre pairs que les filles.
« J’ai vu beaucoup de changements. Les élèves s’approprient les informations qu’on leur donne et les transmettent à leurs parents afin que nous puissions tous aider les adolescentes. »
— Rahab Wanjiru, enseignante
Les répercussions de ce projet ne se limitent pas à l’enseignement de la gestion de l’hygiène menstruelle et des choix nutritionnels. Le projet met l’accent sur le renforcement de l’estime de soi des adolescentes afin qu’elles puissent se sentir capables de prendre soin d’elles-mêmes et d’utiliser cette confiance pour savoir qu’elles ont la liberté de prendre leurs propres décisions pour améliorer leur santé.
Participante au programme, Maxmillan comprend cet objectif. Elle dit se sentir à l’aise pour discuter des menstruations avec ses camarades et ses professeurs. Elle a appris l’importance de manger des aliments riches en fer, de la diversité alimentaire, des leçons sur la gestion de l’hygiène menstruelle, de la gestion de l’hygiène personnelle, de l’activité physique et du bien-être général. « J’ai amélioré mes connaissances et mon estime de soi », partage-t-elle.
« Adolescente, je n’ai pas eu l’occasion d’apprendre toutes ces choses comme les filles le font maintenant », dit Wanjiru. En tant qu’enseignante, elle observe la transformation générationnelle qui s’opère, en plus de servir de modèle actif. « J’ai vu beaucoup de changements. Les élèves s’approprient les informations qu’on leur donne et les transmettent à leurs parents afin que nous puissions tous aider les adolescentes. »