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17 octobre, 2023
Ce qu’il en coûte de ne pas allaiter ? Un milliard de dollars par jour.
Chaque année, l’absence de l’allaitement coûte près de 700 000 vies et 341 milliards de dollars à travers le monde.
Publié le 17 juillet 2019
Ce blogue est publié avec l’autorisation de Health Policy and Planning Debated. Vous pouvez consulter la publication originale ici (disponible en anglais seulement).
Au cours des dernières années, l’utilisation de données a eu un impact important sur les aspects émotifs et rationnels des gens. Des affirmations étonnantes sur le nombre de décès évitables ou sur les coûts économiques d’une politique gouvernementale captent l’attention des médias et mobilisent les électeurs. Bien utilisées, les données peuvent modifier les orientations partisanes et de politiques pour les années à venir.
Imaginons donc l’impact potentiel du portrait suivant : un geste tout simple et naturel pourrait éviter la perte de 1 500 vies et d’un milliard de dollars chaque jour.
Les citoyens s’uniraient-ils pour exiger la prise de mesures ? Les politiciens iraient-ils au-delà des clivages politiques pour agir de manière décisive en matière d’investissement, de réglementation et de soutien ? La société civile et le secteur privé appuieraient-ils la cause et travailleraient-ils ensemble pour innover ?
Cette statistique incroyable – cette perte immense – représente l’impact humain et économique de l’absence d’allaitement maternel des nouveau-nés et des jeunes enfants selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF. Chaque année, l’absence de l’allaitement coûte près de 700 000 vies et 341 milliards de dollars à travers le monde. Il représente 0,7 % du revenu national brut, principalement en coûts pour les systèmes de santé et en perte de productivité dus aux décès prématurés et aux pertes de capital humain.
Les pays à revenu faible et intermédiaire, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, ont le plus à gagner en adoptant l’allaitement maternel universel dans l’heure qui suit la naissance, de pratiquer l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois et de le poursuivre pendant au moins deux ans. Mais de meilleures pratiques d’allaitement maternel dans des pays plus riches auraient aussi leurs avantages, soit des gains cognitifs et une diminution probable du fardeau de l’obésité infantile, des cancers chez les mères et du diabète de type 2.
Grâce à une nouvelle étude sur le coût de ne pas allaiter (consulter Walters et al. 2019. The cost of not breastfeeding: global results from a new tool. Health Policy and Planning, 2019, 1-11), nous sommes en mesure de rassembler des mégadonnées publiques dans un outil simple, l’Alive & Thrive Cost of Not Breastfeeding Tool, et de brosser un tableau plus large de l’impact mondial (l’outil se trouve sur le site Web d’Alive & Thrive : www.aliveandthrive.org/costofnotbreastfeeding/). Bien que ces données existent depuis longtemps, la manière de les présenter, sous forme de données nationales pour plus de 100 pays à travers le monde, constitue une première. Les décideurs politiques et les défenseurs profiteront dorénavant de la puissance de données complètes dans un format convivial.
Malgré les chiffres effarants de cette étude, il y a fort à parier qu’elle ne capte pas tous les coûts encourus par des pratiques d’allaitement maternel sous-optimales. Nous ne sommes toujours pas en mesure de saisir les coûts du temps nécessaire aux soins associés à l’absence d’allaitement, temps non rémunéré qui touche les mères de manière disproportionnée. Il faudra effectuer des recherches supplémentaires et recueillir d’autres données pour bien cerner tous les coûts sanitaires, humains et économiques liés à l’absence d’allaitement.
Mais parler d’allaitement maternel au 21e siècle n’est pas une mince affaire. Nous devons être sensibles aux contraintes et aux difficultés avec lesquelles les mères et les familles composent dans un monde dépourvu de systèmes de soutien de base pour leur bien-être physique, psychosocial et économique. Qui plus est, les mères et leurs familles font face à un barrage constant de messages d’entreprises qui commercialisent les substituts du lait maternel et à une pseudoscience qui désinforme et sabote une pratique qui devrait être un réflexe plutôt que subir une stigmatisation sociale.
Nous avons bon espoir que les dirigeants politiques utiliseront cet outil pour contrer la désinformation et créer des interventions novatrices et efficaces. L’outil entraînera également l’évolution des politiques vers l’établissement d’un environnement qui favorise l’allaitement maternel et les soins de maternité dans la période critique de 1000 jours, soit de la conception jusqu’au deuxième anniversaire de l’enfant.
Que pouvons-nous donc faire avec ces renseignements pour susciter un changement positif ?
Beaucoup! Le Collectif mondial pour l’allaitement maternel – une alliance dirigée par l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la Santé, avec des partenaires comme Alive & Thrive et Nutrition International – se sert de données probantes comme celles issues de cette recherche pour aider les gouvernements à mobiliser des ressources financières. Ces ressources sont essentielles pour atteindre les Cibles de nutrition de l’Assemblée mondiale de la Santé afin que 50 % des mères adoptent l’allaitement maternel exclusif d’ici 2025. Les sept champs d’action politique du Collectif pour prévenir les coûts sanitaires, humains et économiques futurs constituent un excellent point de départ, à savoir :
Nous osons espérer que cette recherche, ces données et cet outil contribueront à convaincre les décideurs politiques et les donateurs à investir dans l’allaitement maternel à la hauteur de son impact positif. La possibilité de choisir le meilleur départ pour son enfant et sa famille constitue un droit humain. Elle épargne des vies et améliore la prospérité de chaque économie dans le monde.
Énoncé de financement : Cette recherche a reçu l’appui d’Alive & Thrive, une initiative mondiale en matière de nutrition financée par la Fondation Bill & Melinda Gates.