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Envers et contre tout, une mère indienne devient une championne de la santé communautaire : l’histoire de Shilpa Sharma
Shilpa Sharma s’est inspirée de ses propres combats pour devenir une militante de la santé dans sa collectivité.
Publié le 06 août 2016
Il suffit parfois d’une personne audacieuse pour commencer à abattre les barrières qui entravent des collectivités entières. Shilpa Sharma est l’une de ces héros méconnus. Femme d’une famille modeste du Madhya Pradesh, en Inde, mariée jeune, elle s’est inspirée de ses propres combats de nouvelle mère et est devenue une militante de la santé dans sa collectivité, consacrant sa vie à servir d’autres femmes et leurs jeunes enfants  – peu importent les difficultés en vue.
Passer d’une vie difficile au service des autres
À l’âge de 15 ans, Shilpa, qui a en aujourd’hui 33, a perdu sa mère. Seulement deux ans plus tard, alors qu’elle n’avait pas encore l’âge légal pour contracter un mariage, on l’a mariée. Shilpa, qui venait de terminer sa scolarité, est donc partie vivre dans la famille de son mari. Tandis qu’elle affrontait les difficultés d’un mariage précoce, s’adaptant à une nouvelle vie avec ses parents par alliance et donnant naissance à deux enfants coup sur coup, elle a vite pris conscience des épreuves endurées par les femmes, les mères et les jeunes enfants vivant dans les régions rurales à cause du manque criant de services de santé.
Lorsqu’elle a appris qu’un poste d’agente sanitaire et sociale certifiée (ASHA) était libre dans son village, elle a postulé.
« J’étais impatiente de les aider, car je voyais beaucoup de souffrance autour de moi » se souvient-elle.
Une leader reconnue
Éventuellement, le gouvernement l’a nommée superviseure. Puis, reconnaissant son leadership, son dévouement et sa détermination à fournir des soins de qualité, l’Initiative pour les micronutriments (IM) a choisi Shilpa pour devenir instructrice principale d’un groupe d’ASHA. Malgré les difficultés qu’elle savait devoir affronter, elle a endossé son nouveau rôle avec fierté et courage.
Shilpa a été formée à tous les aspects de la supplémentation en vitamine A des enfants de moins de cinq ans, de la supplémentation en fer et acide folique (FAF) et en calcium des femmes enceintes, du traitement de la diarrhée infantile à l’aide du zinc et des sels de réhydratation orale, et de la supplémentation hebdomadaire en FAF des adolescentes scolarisées et non scolarisées.
Aujourd’hui, Shilpa supervise le travail de 10 ASHA du district d’Ashoknagar, dans l’État du Madhya Pradesh. L’importance vitale d’entretenir des relations étroites et régulières avec les familles des femmes enceintes et des jeunes enfants, de manière à pouvoir les conseiller et les orienter en temps opportun, compte parmi ses enseignements fondamentaux. Elle apprend aussi aux ASHA qu’elle supervise à bien mettre à jour leurs dossiers, pour garantir le renouvellement des stocks et la pertinence des services. Elle planifie également des visites de suivi de routine dans les zones isolées du district, pour les aider et leur apporter une formation pratique.
Shilpa a à cœur d’informer les collectivités auxquelles elle rend visite. Ainsi, on la verra parfois laisser, sur les murs des centres Anganwadi (centres de soins de la mère et de l’enfant gérés par l’État), des messages concernant la santé et la nutrition destinés à inspirer et éduquer les visiteurs, comme ceux à propos de la vaccination des enfants dans les délais prescrits ou de la prise de doses semestrielles de vitamine A.
Dépasser la culture et la tradition
Le travail d’ASHA est enrichissant, mais la voie du succès passe par des épreuves que Shilpa ne connaît que trop bien.
Comme beaucoup d’agents de santé, Shilpa rencontre des collectivités souvent réticentes à recevoir les services de travailleurs de la santé pouvant être issus d’une autre caste ou qui sont des femmes.
De nombreuses ASHA ne sont toujours pas autorisées à fréquenter librement la collectivité, car leurs familles attendent d’elles qu’elles suivent la coutume du purdah, selon laquelle une femme cache son visage aux hommes étrangers à sa famille.
« Cette coutume mine la confiance des ASHA qui sont souvent dans l’incapacité de fournir efficacement des services de conseils» dit Shilpa.
Dans le but de réduire les effets néfastes de ces normes et pratiques sociales concernant la fourniture des services de santé, Shilpa discute régulièrement avec les aînés et les dirigeants communautaires afin de trouver un terrain d’entente et d’aider à modifier la façon de percevoir les femmes et les personnes de castes différentes occupant cette fonction. Beaucoup de maris refusent encore de laisser leurs femmes devenir ASHA ou de prendre simplement de nouvelles responsabilités à l’extérieur de la maison.
« À moins de pouvoir s’émanciper, une femme ne pourra ni travailler comme ASHA, ni être une aide familiale et une soignante efficace. »
Cette mentalité – combinée avec le fait que seules les femmes jouent ce rôle habituellement – entraîne une importante pénurie d’ASHA dans plusieurs collectivités rurales en ayant besoin. Par conséquent, les ASHA travaillant dans ces collectivités supportent souvent le poids d’une demande écrasante.
La longue route vers le changement
 Shilpa pense qu’avec des efforts et un engagement constants, les collectivités bénéficiaires en viendront à voir l’importance d’accorder une plus grande place aux ASHA dans leur vie – peu importe qui elles sont. Toutes les mères veulent le meilleur pour leurs enfants, les pères également. Aussi, leurs peurs et appréhensions finiront par se dissiper à mesure qu’ils seront témoins des avantages qu’il y a à recevoir leurs soins et leur soutien. Le fait de protéger la santé et les vies précieuses de leurs enfants est le meilleur argument pour combattre les vieilles habitudes.
Pour l’instant, mue par son sens du devoir et son profond désir de faire changer les choses, Shilpa ne reculera devant rien pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
L’IM est fière de soutenir Shilpa et d’autres ASHA des collectivités vulnérables, partout en Inde, dans le cadre de L’Initiative pour un bon départ. En Inde, cette dernière permettra d’améliorer la nutrition de 3 millions de femmes, 8 millions d’adolescentes et 4 millions d’enfants de moins de 5 ans d’ici 2020.
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